#IlEtaitUneFABLE : le réveil des consciences au lycée Alexandre-Pétion

2 fév 2019

#IlEtaitUneFABLE : le réveil des consciences au lycée Alexandre-Pétion

Savannah Savary

Frankétienne est ému ce matin. Dans son silence, l’on perçoit tout le poids d’une existence passée à rechercher l’absolu et le constat douloureux d’une réalité qui le rattrape. Tout a changé et rien n’a changé ! Pourtant, l’établissement où il a passé son adolescence, les espaces retirés où il dormait lorsqu’il fuyait le quotidien familial, n’ont plus les apparences d’autrefois. Le lycée Alexandre-Pétion a été reconstruit après le 12 janvier 2010 et le bâtiment est magnifique. Ils sont beaux, ces lycéens, avec leur chemise bleu clair et cravate rayée. Le Mapou se rappelle sa jeunesse tumultueuse et ses frasques rocambolesques. Il les partage avec ces quarante jeunes qui lui ressemblent tellement dans leurs gestes, espoirs et ces rêves à peine ébauchés.

Rêve et détermination. Volonté et force de caractère. Il martèle chaque mot avec une désinvolture apparente qui ne peut diluer la puissance du contenu : « J’étais un gamin de six ans qui dérobait les articles du petit commerce de ma tendre mère… J’étais le dernier de ma classe, jusqu’au jour où j’ai décidé de devenir Frankétienne… Puis je fus condamné à être dorénavant le premier de ma classe et un fils digne ! ».

Entre rires et regards d’admiration, l’audience ne perd pas un mot de cette prestation spontanée qui changera le parcours de certains. Lodyans la fini, mais le cheminement commence à peine pour suivre les pas du Géant.

Initiatrice de ce projet conjoint MINUJUSTH-UNESCO, Sophie Boutaud de la Combe leur parle de Justice, d’État de droit et de droits de l’homme. Ces expressions qui prennent corps dans leur être en construction. Les garde-fous sont là. La société haïtienne dispose d’instruments légaux pour bâtir un état égalitaire où il fera bon vivre. Debout dans les triangles disposés de manière à stimuler la réflexion sur leurs engagements personnels dans leur famille, école et quartier, l’exercice est intense. Comment sortir de l’injustice ? Comment accompagner les autres qui subissent des abus ? Trois cercles se forment.

La deuxième partie de la journée a rapport à ceux qui nous gouvernent et portent la charge de garantir une société équilibrée dans tous les sens du terme… Les constatations et les reproches pleuvent. « Je demande que les membres de l’institution parlementaire prennent l’engagement de demeurer dans leurs attributions constitutionnelles… ».

Ils deviennent devant nous, l’espace d’un après-midi, les gardiens du changement projeté. Choisis parmi eux, trois journalistes de radios imaginaires interviewent les trois rapporteurs de l’atelier de travail qui, sous les applaudissements de leurs camarades, résumeront les engagements principaux qu’ils demandent aux autorités nationales de prendre envers eux… Ce dynamisme leur plaît et ils miment les professionnels du métier avec talent, en laissant libre cours à l’énergie fringante de la jeunesse. 

Haïti peut espérer les fruits du réveil de la conscience individuelle et collective.

Retrouvez ci-dessous la fable du lauréat #IlEtaitUneFABLE issu du lycée Alexandre-Pétion :

« L’Océan controversé » (Epaphras GIBBS)

#IlEtaitUneFABLE