Combattre la violence sur les femmes et les filles, une priorité clé pour Haïti

Combattre la violence sur les femmes et les filles, une priorité clé pour Haïti

La MINUJUSTH a organisé une rencontre à la mi-janvier sur la lutte contre la discrimination sexuelle et les violences sexistes

 © Leonora Baumann / UN / MINUJUSTH, 2018

L’augmentation du nombre des policières est une priorité pour la mission  

 © Leonora Baumann / UN / MINUJUSTH, 2018

 

Les participants insistèrent sur l’importance du plaidoyer systématique auprès des autorités étatiques

 © Leonora Baumann / UN / MINUJUSTH, 2018

"Les filles sont victimes quotidiennement sans savoir qu’il s’agit de violence"

 © Leonora Baumann / UN / MINUJUSTH, 2018

précédent suivant
1 fév 2018

Combattre la violence sur les femmes et les filles, une priorité clé pour Haïti

Agathe Fabien

Les Nations Unies, les missions diplomatiques, les institutions haïtiennes et les organisations de la société civile contribuent à maintenir active, au centre du discours public, la lutte pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes et des filles.

Dans la continuité de la campagne 16 jours d'activisme contre la violence sexiste qui s’est déroulée du 25 novembre au 10 décembre 2017, la MINUJUSTH a organisé une rencontre à la mi-janvier avec les membres de la société civile haïtienne œuvrant dans le domaine et les représentants du Corps Diplomatique en Haïti pour ensemble, dégager les idées forces sur la façon de coordonner les actions, hiérarchiser et cibler leur soutien aux institutions de l'Etat sur la lutte contre la discrimination sexuelle et les violences sexistes.

« Je suis extrêmement honorée de vous avoir aujourd'hui parmi nous et j'attends avec impatience une discussion franche sur cette priorité clé pour Haïti ».

En ouvrant la rencontre, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies Susan D. Page, a souhaité que les échanges soient francs et profitables à une conjonction des efforts pour la protection et la promotion des droits des femmes et des filles.

L’ensemble des organisations présentes (Combite pour la paix et le développement, Centre d’Analyse et de Recherches en Droits de l’Homme, Justice et Paix, Kouraj, Espoir des Femmes Haïtiennes, Réseau National de Défense des Droits Humains, Femme en Action contre la stigmatisation et la discrimination sexuelle) et les membres du Corps Diplomatique (Argentine, Bahamas, Brésil, Canada, Chine, France, Allemagne, Mexique, Panama, Suisse, Etats Unis, Union Européenne et l’OEA) à travers leurs analyses et préoccupations de la question, étaient unanimes pour reconnaitre que si la violence aux femmes et filles n’est pas exclusive à Haïti, elle y est très sérieuse, omniprésente dans toutes les couches sociales, et encore plus accentuée au niveau des plus vulnérables.

« Après la violence physique, vient une autre forme – la violence économique. Cela dissuade les femmes à porter plainte. Entièrement dépendantes de leurs maris, elles perdraient ainsi tout moyen de subsistance », soulignait l’un des participants.

Tout en reconnaissant combien l’inclusion sociale, l’autonomisation économique des femmes sont cruciales pour atténuer ce problème, les participants insistèrent sur l’importance du plaidoyer systématique auprès des autorités étatiques, particulièrement du système judiciaire, constatant que le cadre juridique existe bien mais n’est pas assez mis en œuvre « Les solutions techniques et l’argent peuvent être mobilisés mais comment créer la volonté politique? » se questionnèrent d’autres avec insistance. En ce sens, des suggestions comme le renforcement et la dépolitisation des institutions, l’augmentation du nombre de juges femmes, la spécialisation ou le recyclage des juges, le renforcement de la société civile pour dénoncer les violations et apporter une contribution en terme de propositions, ont été retenues comme prioritaires.

« La meilleure mesure pour réduire la violence est de l’éviter. Les hommes doivent craindre des répercutions. S’il y a des sanctions fortes cela va diminuer les cas » argumentèrent ceux qui prônent également la mise sur pied d’unités de police exclusivement dirigées par des femmes, et l’augmentation du nombre de policières pour être au service des femmes victimes et les aider pour le suivi nécessaire.

Saisissant la balle au bond, la Représentante spéciale, réitéra aux participants le soutien de la MINUJUSTH dans le cadre de son mandat et notamment de ses bons offices en matière d’état de droit et des activités de plaidoyer pour des législations compatibles avec les droits de l’homme. Soulignant que la mission travaille justement avec la PNH sur un projet d’instauration de guichet unique pour faciliter l’accueil des femmes dans leurs plaintes au niveau des commissariats, Susan Page a aussi indiqué que l’augmentation du nombre des policières est une priorité pour la mission.   

Un autre point d’insistance des participants portait sur une nécessaire sensibilisation aux Droit Humains dès le plus jeune âge dans les écoles, touchant autant les garçons que les filles. « Nous avons besoin de support pour faire des formations dans les écoles et des sensibilisations médiatiques sur la violence pour expliquer ce qu’est la violence et ses différentes formes et les droits des victimes. Les filles sont victimes quotidiennement sans savoir qu’il s’agit de violence » s’indigna une participante. Une sensibilisation qui devrait s’étendre également aux parents qui donnent les mauvais exemples à la maison, selon les autres participants.

La lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles est reconnue comme un travail difficile et parfois même dangereux. Avant de se quitter, et en échangeant leurs coordonnées, les participants se sont promis de garder le contact pour s’assurer de maximiser leurs efforts respectifs, invitant la MINUJUSTH à renouveler l’initiative dans un proche avenir pour évaluer les avancées.