Séisme de 2010 en Haïti : "Mon frère a perdu sa vie parce qu’il croyait passionnément en ce pays"
Il y a neuf ans, un tremblement de terre dévastait Haïti. Afin de rendre hommage à ceux qui ont perdu la vie au cours de cette catastrophe, la Mission des Nations Unies pour l’appui à la Justice en Haïti (MINUJUSTH) a organisé deux cérémonies commémoratives à Port-au-Prince. La première s’est déroulée sur la base logistique (Logbase) des Nations Unies et la seconde sur le site de l’ancien hôtel Christopher, où se trouvait la précédente Mission de paix, la MINUSTAH. L’occasion pour le personnel mais aussi pour les familles de se recueillir et de se remémorer ceux qui ont disparu.
Le 12 janvier 2019, à 16h53pm (heure de la catastrophe), ils étaient nombreux à être venus sur les lieux de l’ancien quartier général de la MINUSTAH. De cet immeuble de 6 étages, plus rien ne reste. Pour certains membres du personnel présents lors de la commémoration, le souvenir est encore intact de ces 35 secondes qui ont fait vaciller leur vie et celle de tous leurs collègues.
Présente lors de la cérémonie de commémoration, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti (RSSG) et chef de la MINUJUSTH, Mme Helen La Lime, a présenté ses condoléances aux familles et proches des victimes, ainsi que ses sympathies au gouvernement et au peuple haïtien : « Alors que nous approchons de la transition vers une présence des Nations Unies sans opération du maintien de la paix à la fin de l’année 2019, il nous incombe de continuer à œuvrer pour accomplir les rêves de ceux qui nous ont quittés en 2010. Redoublons nos efforts en leur mémoire pour que leurs enfants puissent vivre dans un état de droit, où la sécurité, les droits de l’homme et le développement bénéficient à toutes et tous ».
Venu tout droit de New York (Etats-Unis), Gregory Grene, 53 ans, a également tenu à faire le déplacement pour cette cérémonie afin de rendre hommage à Andrew Grene, son frère jumeau qui travaillait alors au sein de la MINUSTAH et qui a disparu lors de la catastrophe : « Je voulais venir en Haïti pour cette journée particulière parce que les souvenirs que j’ai d’Andrew sont toujours en vie. En faisant cela, je veux préserver le monde qu’il a laissé dans nos cœurs. Il reste et restera toujours mon frère jumeau. »
« Mon frère a perdu sa vie parce qu’il croyait passionnément en ce pays, souligne Gregory Grene. C’était une mission très personnelle pour lui. Lui et ses collègues savaient ce qu’ils risquaient mais ce sont des personnes qui ont voulu défendre des valeurs en lesquelles ils croyaient. »
Le lendemain même du séisme, un ami soumet à Gregory Grene l’idée d'une levée de fonds pour créer une fondation en la mémoire de son frère disparu. Et l’idée de créer une école émerge rapidement : « Nous sommes alors venus faire quelques repérages à Port-au-Prince et avons pris contact avec M. Ricot Pierre, qui enseignait à l’école St. Alphonse alors que le bâtiment était pratiquement détruit. Il croyait tellement passionnément dans ce qu’il faisait que nous avons choisi de le soutenir. »
Avec M. Ricot Pierre pour directeur-fondateur, le collège Andrew Grene ouvrait ses portes en août 2011 à Cité Soleil. « Nous accueillons aujourd’hui plus de 250 étudiants de 11 à 19 ans, s’enthousiasme Gregory Grene. Nous avons voulu garder ce nombre assez réduit pour que chaque classe soit personnalisée. Je suis retourné récemment dans l’enceinte de l’école. Un étudiant m’a alors donné ce mot : « Andrew n’est pas mort : il vit en nous. ». C’est toute l’idée de la fondation Andrew Grene : honorer et garder en vie les rêves de mon frère jumeau. »
Pour retrouver la liste des noms des membres de la famille des Nations Unies qui ont perdu la vie dans le tremblement de terre qui a secoué Haïti le 12 janvier, rendez-vous sur www.un.org/fr/memorial/haiti/.