#ActeursDuChangement : Georgeline Jean (AVSI), psychologue et accompagnatrice des professionnels de demain

Georgeline Jean, 34 ans, est psychologue et Officier en accompagnement au travail pour la Fondation AVSI. Sa mission ? Aiguiller des jeunes de 15 à 24 ans vers des formations professionnelles et des activités génératrices de revenus. © David Nieto / UN / MINUJUSTH, 2018

Georgeline Jean, 34 ans, est psychologue et Officier en accompagnement au travail pour la Fondation AVSI. Sa mission ? Aiguiller des jeunes de 15 à 24 ans vers des formations professionnelles et des activités génératrices de revenus. © David Nieto / UN / MINUJUSTH, 2018

6 nov 2018

#ActeursDuChangement : Georgeline Jean (AVSI), psychologue et accompagnatrice des professionnels de demain

David Nieto

Cet été 2018, la Mission des Nations unies pour l’appui à la Justice en Haïti (MINUJUSTH) lançait Jenès la se avni (« La jeunesse, c’est l’avenir »), un projet innovant pour l’accompagnement professionnel, la création d’emploi et la facilitation d’initiatives d’entreprenariat auprès de 130 jeunes garçons et 100 jeunes filles à risque dans la commune de Cap-Haïtien (Nord). Pour le mettre en œuvre, la Mission s’est alliée à l’Association des Volontaires pour le Service International (ou Fondation AVSI). Officier en orientation et accompagnement au travail auprès de l’ONG, la psychologue Georgeline Jean raconte son implication dans ce projet de 12 mois qui s’inscrit dans le programme de Réduction de la Violence Communautaire (RVC) de la MINUJUSTH.

En tant que psychologue, quel est votre rôle dans l’accompagnement des jeunes vers l’emploi ?

Georgeline Jean : J’ai toujours aimé la psychologie organisationnelle, les enjeux liés au travail, à la gestion du personnel et à l’orientation des jeunes. En tant que psychologue, je peux comprendre leur situation, leurs besoins, mais surtout leur personnalité.

Les jeunes avec qui nous travaillons ont souvent été des victimes directes ou indirectes de violences. Ils ont besoin d’un psychologue pour expliquer leur situation. À partir de là seulement, nous pouvons identifier les thématiques qui seront les plus appropriées pour travailler avec chacun d’entre eux. Cela nécessite de développer ses compétences personnelles, mais aussi de mieux gérer ses émotions...

En matière d’orientation des jeunes, quel est l’objectif du projet Jenès la se avni ?

G. J. : L’objectif d’AVSI est d’orienter ces jeunes vers des activités qui peuvent être liées non seulement à leur caractère mais aussi à la structure de la zone où ils vivent. Je prépare des formations qui aident les jeunes à identifier puis à développer des compétences personnelles. Ces fameuses compétences de vie, les « life skills », qui peuvent les aider dans leur quotidien.

Travailler avec des jeunes, c’est tout un développement personnel

Pour les projets comme Jenès la se avni, lié au programme de Réduction des Violences Communautaires (RVC) de la MINUJUSTH, nous travaillons avec des jeunes en situation de vulnérabilité. Ce travail d’orientation et de formation peut les aider à se relever après les tragédies qu’ils ont pu vivre. À chaque fois que je vois qu’un jeune réussit, cela m’aide aussi à grandir professionnellement. Travailler avec des jeunes, c’est tout un développement personnel.

De façon globale, quel est l’état d’esprit de ces jeunes ?

G. J. : Ce sont eux-mêmes qui choisissent les formations professionnelles où ils s’inscrivent. Ils sont donc toujours très motivés et heureux. Nous leur remettons ensuite des certificats professionnalisants. C’est toujours un moment fort pour eux.

Quel suivi pouvez-vous assurer à la suite de la formation professionnelle ?

G. J. : Dans la mesure du possible, nous aidons les jeunes à trouver des stages dans des institutions ou des entreprises, en fonction de leurs envies. On peut aussi encourager certains à créer leurs propres entreprises ! Nous les accompagnons alors dans toute la démarche personnelle mais aussi administrative… Mais tous ne sont pas forcément faits pour la création d’entreprise !

Mais nous les invitons plus souvent à commencer des activités en coopérative. C’est un vrai défi car cela demande de travailler ensemble. Bien sûr, monter ce type de coopératives est plus compliqué que de lancer son activité individuelle. Mais ce type d’entreprise en association permet aussi de dégager plus de bénéfices et avantages… C’est ce que je recommande souvent car, en cas de perte, cela protège davantage les jeunes. En cas de difficultés, on ne perd pas tout quand on travaille en coopérative. Et il y a plus de moyens de se relever ensuite !