Maintien de la paix en Haïti : avancées et préservation des gains

À l’occasion de la Journée des Casques bleus 2019 #PKDay, la MINUJUSTH invitait Michel Ange Gédéon (PNH), Paul Eronce Villard (TPI de P-au-P), Fritz jean (OPC), Charles Nazaire Noël (DAP) et José Aristild (CIDP) autour d'une conférence-débat sur le avancées et préservation des gains du maintien de la paix en Haïti. © Leonora Baumann / UN / MINUJUSTH, 2019

Le DRSRG/RC/HC lors de la céremonie. <a href="https://minujusth.unmissions.org/sites/default/files/field/image/190529_... class="colorbox colorbox-insert-image" data-colorbox-gallery="gallery-all">

</a>

précédent suivant
6 juin 2019

Maintien de la paix en Haïti : avancées et préservation des gains

David Nieto

Le 29 mai, les Nations Unies célèbrent la Journée internationale des Casques bleus #PKDay. Un jour destiné à honorer le plus d'un million d'hommes et de femmes qui ont servi sous le drapeau de l'ONU au sein de l’une des 14 Missions de maintien de la paix déployées sur plus de 4 continents. À cette occasion, la Mission des Nations Unies pour l'appui à la Justice en Haïti (MINUJUSTH), en partenariat avec les institutions haïtiennes, organisait à Port-au-Prince une conférence-débat suivie de tables rondes sur le thème « Maintien de la paix en Haïti : avancées et préservation des gains ». L'opportunité d’engager la société civile et la jeunesse autour de la sécurité publique, de l’état de droit, des droits humains ainsi qu’en ce qui concerne l’égalité entre les sexes.

Cette année 2019 marque une étape particulière pour la présence des Nations Unies en Haïti, celle de la fin des opérations de maintien de la paix dans le pays. C’est pourquoi une activité spéciale a été organisée à l’occasion de la Journée internationale des Casques bleus, afin de célébrer le partenariat entre Haïti et les Nations Unies. Mais aussi de souligner les principales réalisations effectuées par le pays, notamment avec l’appui de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), de 2004 à 2017, puis de la MINUJUSTH, de 2017 à 2019, et avec la présence des 19 agences, fonds et programmes qui forment la famille des Nations Unies en Haïti.

Une bonne partie des bons chiffres de la PNH sont liés à l’appui pendant 15 ans des policiers internationaux des Missions des Nations Unies

Invités en tant que panélistes, les représentants des autorités nationales ont fait part des avancées réalisées dans les domaines de la sécurité publique, de l’état de droit et des droits humains avec l’appui des deux missions de maintien de la paix et de la famille onusienne. Chacun a tenu à apporter son éclairage sur la situation actuelle du pays et les besoins pour préserver les gains.

À l'image de Michel Ange Gédéon, Directeur Général de la Police Nationale d’Haïti (PNH), qui a d’abord tenu à exprimer sa reconnaissance envers les Nations Unies pour leur appui à l’institution policière : « Une bonne partie des bons chiffres de la PNH sont liés à l’appui pendant 15 ans des policiers internationaux des Missions des Nations Unies. Aujourd’hui, la PNH est prête à gérer cet héritage, déterminée à aller jusqu’au bout pour pacifier le pays ».

Lui faisant suite, le Commissaire du Gouvernement près le Tribunal de première instance (TPI) de Port-au-Prince, Me Paul Eronce Villard, a quant à lui tenu à remercier personnellement l'appui des Nations Unies. Il a rappelé que le tremblement de terre qui a affecté Port-au-Prince, en 2010, avait alors complètement détruit les infrastructures judiciaires en Haïti. Le Commissaire de Gouvernement a pourtant tenu à souligner les avancées effectuées dans la lutte contre la détention préventive prolongée, avec la restructuration du Parquet mais aussi l’instauration d´un quota de production d’actes pour les 23 substituts (de 40 actes d'accusations en 6 mois à plus de 530 en 4 mois).

Le Protecteur-Adjoint du citoyen (OPC), Me Fritz Jean, a pour sa part tenu à honorer la mémoire des 98 Casques bleus disparus à travers le monde en 2018 en demandant une minute de silence. Pour ce qui est de la promotion et du respect des droits humains en Haïti, il a reconnu qu'il y avait encore un important travail à faire, notamment par rapport aux droits économiques, sociaux et culturels, « indispensables », selon lui, pour instaurer un climat de sécurité dans le pays.

Également présent, le Directeur de l'administration pénitentiaire (DAP), Charles Nazaire Noël, a affirmé que son institution était « un maillon extrêmement important de la chaîne pénale haïtienne » et que « lorsque la DAP est en mauvaise santé, c’est toute la chaîne pénale qui en pâtit ». Selon lui, son partenariat avec la MINUSTAH, puis avec la MINUJUSTH, a permis d'aider l'institution pénitentiaire à se remettre debout et à moderniser son développement à long terme. M. Noël n’a pas omis de mentionner que la DAP développait actuellement un processus de certification de prisons avec l'Unité correctionnelle de la MINUJUSTH qui permettra bientôt à l’institution d’évaluer ses opérations carcérales par rapport aux normes internationales établies en la matière.

Garantir et promouvoir les droits de l’homme, ce n’est pas seulement pour plaire, ou bien pour respecter une obligation internationale, c’est essayer de garantir la paix

Pour Jose Aristild, Représentant du Comité interministériel des droits de la personne (CIDP), les troubles à la paix « sont les résultats des droits violés, des atteintes aux droits de l’homme ». Malgré les défis, il a souligné les avancées dans le domaine : « Auparavant, on reprochait souvent à l’Etat haïtien de ne pas soumettre aux organes des traités les rapports, lesquels sont des obligations contractées par la République d’Haïti qui a ratifié ces conventions. Nous avons pu gagner en efficacité dans la production des rapports. Garantir et promouvoir les droits de l’homme, c’est tenter de garantir la paix ».

Le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti, Dr. Mamadou Diallo, a quant à lui réitéré l'engagement des Nations Unies à continuer d'accompagner Haïti dans la consolidation des gains et dans son chemin vers le développement durable.

La voix des jeunes et de la société civile

Jeunes et représentants de la société civile, ils étaient plus de 50 à être venus assister à la conférence-débat et aux tables rondes organisées pour la célébration de la Journée internationale des Casques bleus en Haïti. Pour ces acteurs du changement, une occasion de se concerter afin d'identifier ce qui fonctionne dans les actions déjà en cours, mais aussi d’assurer leur durabilité. Un point que souligne Jean-Louis Ramong, avocat au barreau de Port-au-Prince : « Les acteurs de droits humains ont pour responsabilité d’assurer la pérennité des actions engagées par la MINUJUSTH. Nos propres moyens sont suffisants : il nous faut de la volonté, de l’organisation et un travail en synergie ».

Membre de l’ONG Vwajenès, Pamela Pierre reconnaît quant à elle des progrès faits dans le domaine de l'état de droit : « On peut noter de nombreux gains dans le secteur. Il y a d’abord une plus grande participation des jeunes dans la vie politique, mais aussi davantage d’engagements de femmes à travers les organisations féministes. On peut aussi parler d’un progrès de l’égalité devant la loi en Haïti. Avant, les hommes politiques avaient tendance à réellement se sentir au-dessus de la loi. Désormais, on l’entend à la radio, ils sont davantage exposés devant la loi ».

#MesEngagementsHAITI : et vous, quels sont vos engagements pour Haïti ?

En clôture d’événement, la jeune représentante de Vwajenès choisit de participer à la campagne #MesEngagementsHAITI en arborant un écriteau : « Je m’engage à être encore plus active en ce qui concerne l’épanouissement de la femme et des jeunes ».  Et c’est tout l’objet de cette journée : faire le point sur les avancées afin de créer un espace de dialogue et d’engagement réciproque des autorités, de la société civile et des jeunes, dans le cadre de la transition vers la fin des opérations de maintien de la paix en Haïti.« La PNH s’engage à œuvrer pour continuer à créer un climat de paix, de sécurité pour tout le territoire national, en particulier dans les quartiers où la violence fait actuellement rage », signe son Directeur général, Michel Ange Gédéon. Le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti, le Dr. Mamadou Diallo, a également participé à la campagne #MesEngagementsHAITI, en affirmant : « Je m'engage à soutenir la PNH dans la poursuite de sa professionnalisation ».

Depuis janvier 2019, les écoliers du projet #IlEtaitUneFABLE ont formulé des demandes d’engagements aux autorités nationales dans les domaines de la sécurité publique, de l’état de droit et des droits humains. En cours de compilation par la MINUJUSTH, ces engagements constituent pour les institutions du pays un cahier des charges vis-à-vis de la jeunesse haïtienne.

L’espace d’une journée, une prise de conscience de la nécessité pour chacune et chacun de s’engager à son niveau et de se mettre en réseau pour en augmenter l’impact en préparation au départ de la MINUJUSTH le 15 octobre 2019. Autonomisation et responsabilisation; chacun à sa mesure a son rôle à jouer afin d'appuyer la sécurité publique, l'état de droit et les droits humains en Haïti. Une promesse d'action faite à soi-même qui est vitale pour préserver les gains durement acquis sur les dernières années.