In memoriam: ils nous manquent encore aujourd'hui
Il pleuvait quelques minutes avant que la cérémonie ne commence. Le ciel était très sombre autant que les cœurs de la centaine de collègues civils nationaux, internationaux et policiers rassemblés devant le mémorial, en mémoire des victimes du terrible séisme du 12 janvier 2010 qui a emporté dans sa fureur des centaines de milliers de vies, dont celles de 102 de nos collègues.
« Nous avons une pensée émue pour chacune et chacun d’eux, ainsi que pour leurs proches, leurs conjoints, leurs enfants, leurs parents, et leurs amis. » a partagé la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti (RSSG) et chef de la MINUJUSTH, Susan D. Page dans son allocution d’ouverture de la cérémonie.
« En huit ans, année après année, la vie s’est reconstruite, tout comme Haïti. Depuis presque trois mois déjà, la MINUSTAH, que nos collègues blessés et disparus ont servi avec dévouement, a fermé; un témoignage du chemin parcouru depuis ce triste jour que nous commémorons aujourd’hui. Les objectifs pour lesquels ils ont tant donné ont été accompli. Haïti est plus stable qu’elle ne l’était alors. Leur sacrifice et leurs souffrances n’auront pas été vains. », a-t-elle ajouté.
Soulignant qu’il reste cependant beaucoup à faire pour consolider les gains durement acquis, ce qui a porté le Conseil de Sécurité des Nations Unies à établir la MINUJUSTH sur un horizon de deux ans avec un mandat concentré sur le renforcement des institutions de l'état de droit, la RSSG a noté qu’en adoptant les Objectifs de Développement Durable, Haïti s´est fixé pour but de devenir un pays émergent d'ici à 2030. « Non seulement cet objectif est possible, mais il représente l´engagement pris par le pays d’offrir un futur meilleur à ses enfants et petits-enfants. La famille des Nations Unies continuera de l’accompagner sur ce chemin » a insisté Madame Page.
Alors que le drapeau des Nations Unies était mis en berne, la pluie se remettait à tomber suite à une légère accalmie où le moment était venu pour la sonnerie aux morts de retentir, tandis que la RSSG, accompagnée notamment du Commandant de la composante de Police, le Général Georges-Pierre Monchotte, déposait une gerbe de fleurs devant le monument où sont inscrits les noms, du plus humble au plus gradé, emportés en quelques secondes et sans distinction : Représentant spécial, Représentant spécial adjoint, gardien de sécurité du hall d’accueil, collègues en réunions, assis à leur bureau ou descendant l’escalier des 6 étages du quartier général.
« Internationaux provenant de 25 pays, nationaux, civils, militaires, policiers, volontaires. Aujourd’hui encore chacune et chacun d’eux nous manquent, et nous les portons dans nos cœurs ainsi que dans notre mémoire. », conclu la RSSG.
Au même moment, la pluie s’arrêta et un arc-en-ciel traversa le ciel.