"Protéger et Servir" : la devise de la police à rude épreuve en Haïti
Depuis le 7 février 2019, des épisodes de violence entravent toutes les activités socio-économiques en Haiti. En marge de la gestion des manifestations, les blocages de route, pillages de magasins, jets de pierres, incendies de véhicules et de bâtiments publics ou privés, mettent la Police nationale d’Haïti (PNH) à rude épreuve dans sa mission de protection des personnes et des biens.
Alors que les différents axes principaux de Port-au-Prince ont été pris d’assaut par des groupes de manifestants, certains bloquent toute circulation au moyen de pneus enflammés et d’obstacles de toutes sortes (troncs d’arbre, rochers, carcasses de voitures ou d’appareil ménagers) qui forment parfois des barricades à hauteur d’homme. Quand d’autres attaquent des stations-services, des banques, des commerces ou des bâtiments publics comme la Télévision nationale d’Haïti (TNH).
Le climat insurrectionnel s’est également étendu à d’autres villes où des mouvements de blocage de routes ont été observés en plus des manifestations. Les axes de circulation entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest sont particulièrement la cible des manifestants qui mettent en pratique leur opération « Pays lock ». En réponse à cette situation, le directeur général de la PNH, Michel-Ange Gédéon, entouré de ses cadres, a mis en place un dispositif opérationnel qui s’ajuste au quotidien en fonction des besoins.
Chaque jour, ils défont des barricades et déblayent les routes pour permettre la libre circulation des personnes et des marchandises.
À Port-au-Prince, les chefs des différents corps de la PNH mobilisent leurs effectifs chaque jour pour apporter une réponse ciblée. Sans relâche depuis 9 jours, les éléments du Corps d'intervention et de maintien de l'ordre (CIMO), de l’Unité départementale de maintien de l'ordre (UDMO), de la Brigade d'intervention motorisée (BIM), de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) et de la Brigade de lutte contre le trafic de stupéfiants (BLTS) mais aussi d’autres unités sont à pied d’œuvre pour contenir les vagues de violences et de pillages et restaurer l’ordre et la liberté de circulation.
Malgré des difficultés d’ordre logistique face à la multitude d’événements sécuritaires, les policiers haïtiens se sont organisés pour tenir des points de présence fixes sur les principaux axes afin de prévenir et empêcher le pire de se produire lors des actes de violence, en procédant notamment à des interpellations de meneurs et en évacuant les blessés. Chaque jour, ils défont des barricades et déblayent les routes pour permettre la libre circulation des personnes et des marchandises, alors que les plus vulnérables commencent à faire face à des pénuries d’eau potable et de nourritures et que les hôpitaux restent fermés faute de personnel médical capable de venir travailler. Hommes et femmes, portant fièrement l’uniforme de la police nationale, ils organisent des patrouilles et assure la gestion des foules lors des manifestations pour que ceux qui veulent faire entendre leurs revendications puissent le faire de façon pacifique.
Mettre sa vie en danger au service des autres
Dans le cadre de son mandat, la composante de police de la Mission des Nations Unies pour l’Appui à la Justice en Haiti (MINUJUSTH) continue d’apporter son appui à la PNH en renforçant ses effectifs sur le terrain avec des points fixes, des patrouilles ou une assistance périmétrique, ainsi que des escortes de convois de ravitaillement.
Force est de constater que la PNH relève chaque jour avec courage les défis des troubles à l’ordre public que connaît le pays.
Pour leur part, les policiers internationaux de la MINUJUSTH déployés dans les régions soutiennent les officiers supérieurs de la PNH dans le cadre du Programme d’accompagnement et de Conseil (PAC). Mettant à la disposition de leurs homologues, leurs expertise et expérience, ils témoignent du courage et de la détermination avec lesquels leurs homologues mettent tous les jours leur vie en danger pour honorer la devise de l’institution : « protéger et servir ».
« Compte-tenu de l’étendue de la mobilisation ainsi que des nombreux actes de violence contre les personnes et les biens, qui ont mis à rude épreuve les capacités de l’institution, force est de constater que la PNH relève chaque jour avec courage les défis des troubles à l’ordre public que connaît le pays », a tenu à souligner le commissaire Serge Therriault, commandant de la composante police de la MINUJUSTH.
La nécessaire proportionnalité de l’usage de la force
« Ce nouveau test met en évidence la capacité de l'institution à mobiliser le nombre requis d'officiers dans tous les départements, et en particulier dans la capitale, pendant une période prolongée, avec des niveaux de supervision et de formation qui s’améliorent constamment, a-t-il ajouté. Cela jette néanmoins un éclairage supplémentaire sur le manque significatif d'équipement et de soutien logistique auxquels l’institution doit faire face en temps normal, lesquels ont un impact d’autant plus accentué dans cette période difficile. »
Saluant le dévouement des policiers et policières haïtiens à tous les niveaux dans l’exécution de leurs tâches, le commissaire recommande de garder le cap de la proportionnalité de la réponse face aux manifestants : « Dans les jours à venir, la Police nationale d’Haïti devra continuer à s’assurer de faire preuve de retenue dans les confrontations avec les manifestants, surtout en matière de l’usage de la force et de respect des droits humains ».