TRADUCTION EN FRANÇAIS DE LA CONFERENCE DE PRESSE DE LA VICE-SECRETAIRE GENERALE DES NATIONS UNIES

8 nov 2017

TRADUCTION EN FRANÇAIS DE LA CONFERENCE DE PRESSE DE LA VICE-SECRETAIRE GENERALE DES NATIONS UNIES

Introduction de la chef de la communication et porte-parole de la MINUJUSTH, Sophie Boutaud de la Combe

 

 

Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs bonjour.

Je salue également les personnes qui nous suivent en direct sur facebook. Welcome and thanks for being with us. Gracias por su atencion. Mesi an pil pou suiv nou.

Bienvenu à cette conférence de presse qui clôture la visite de trois jours de la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Madame Amina J. Mohammed, ainsi que de l'Envoyée spéciale du Secrétaire général pour Haïti, Madame Josette Sheeran, qui sont arrivés en Haiti vendredi 3 novembre. Cette visite vise à marquer le nouveau partenariat entre les Nations Unies et Haïti.

 

Durant sa visite la Vice-Secrétaire général, accompagnée de l'Envoyée spéciale du Secrétaire général pour Haïti, de la Représentante spéciale du Secrétaire général, Madame Susan Page, et du Représentant spécial adjoint du Secrétaire général, Coordonnateur Humanitaire et Coordinateur Résident, Dr. Mamadou Diallo, a rencontré les autorités nationales et locales, des représentants des communautés affectées par le choléra et a visité des projets de développement en région.

Je cède la parole à Madame la Vice-Secrétaire général, pour sa déclaration. Nous prendrons ensuite quelques questions.

 

Intervention de la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Madame Amina J. Mohammed,

Merci beaucoup. D'habitude on dit messieurs et mesdames de la presse, quand il y a des dames dans la presse, mais il n'y a pas de dames donc nous avons du chemin à faire.

Mesdames et Messieurs, merci beaucoup,

Je tiens d'abord à remercier le Président, le Premier Ministre, de nombreux représentants du gouvernement que nous avons rencontrés, mais surtout les communautés, les héros que nous avons vus travailler en première ligne dans les communautés où nous sommes allés, beaucoup venant de la société civile, avec un remerciement spécial pour les victimes du choléra avec lesquelles nous avons eu le temps de parler et dont nous avons entendu directement les préoccupations, les aspirations.

Cette visite porte sur la réaffirmation pour le Secrétaire général de l'importance d'Haïti pour les Nations Unies. Cela arrive à une nouvelle ère. Une nouvelle ère avec un nouveau leadership aux Nations Unies et en Haïti. Au gouvernement et aux Nations Unies.

Il est important que nous reconnaissions le travail qui a été fait, même si nous n’avons peut-être pas été à la hauteur, nous avons vu des efforts qui ont donné des résultats, de sorte que nous avons réduit de 99% la transmission du choléra et je pense que le peuple haïtien, les Nations Unies, les partenaires que nous avons eu, ont tous joué un grand rôle dans ce domaine et doivent être félicités.

Cela dit, le verre est à moitié plein et l'autre moitié doit être remplie. Lors de nos visites sur le terrain, nous avons visité des communautés qui avaient souffert du choléra. Nous venons juste de revenir de l'épicentre de Mirebalais, mais hier nous avons visité des communautés qui souffraient encore et où il y avait des enfants et des femmes ayant contracté le choléra. Nous nous sommes également rendus au sein des communautés pour voir comment les équipes de réponse rapide faisaient un travail fantastique pour identifier et s'occuper des foyers [affectés], il y avait des enfants. Surtout des femmes et des enfants, c'est là que le fardeau est le plus important.

Nous avons eu la chance de rencontrer un ou deux enfants qui se sont rétablis et il y en a peut-être beaucoup qui ne le sont pas et c'est en cela que notre cœur est lourd, et nous devons faire quelque chose à ce sujet.

Les discussions d'aujourd'hui, au sujet du choléra, portaient sur la fatigue des gens, fatigués de savoir quand les Nations Unies viendront et s'occuperont de la transmission zéro du choléra. Et même si nous reconnaissons que cela prend du temps, nous savons aussi qu'il y a des leçons à tirer et qu'il n'est jamais trop tard. Car chaque vie compte.

Ainsi, lors de nos visites, notre énergie a été accrue, notre engagement, notre passion pour faire ce que nous devons faire avec notre Envoyée spéciale Josette Shiran, et bien sûr Susan Page qui tient le fort ici et le Dr Diallo qui, en tant que médecin, a un cœur pour savoir de quoi il s'agit parce que cela a été le travail de sa vie.

Nous avons aussi visité certaines communautés à Saint-Michel [de l'Atalaye] où nous avons vu des efforts communautaires de l'église, des femmes et des hommes et des jeunes, très jeunes, je crois qu'ils avaient environ neuf, dix, onze ans, qui étaient impliqués dans le fait de mettre fin à la défécation à l'air libre dans leurs communautés, dans la construction de toilettes dans leurs communautés. Parce que si nous voulons vraiment mettre fin à la transmission du choléra, nous devons penser à l'eau et à l'assainissement. Nous devons réfléchir à la manière dont nous abordons toute la question de l'assainissement, ce qui signifie que les comportements doivent changer. Et ici, nous voyons les partenaires se réunir avec les communautés et réussir dans de petites localités. Ce qui signifie que nous pouvons l'apporter à tout le monde. Nous ne pouvons laisser personne derrière.

Nous avons également rendu visite au Président et visité sa caravane. Et il y a beaucoup de questions à propos de la caravane et de sa destination. Et ce que nous avons vu, c'était une vision qui soulignait l'importance des infrastructures, elle soulignait l'importance d'investir en Haïti dans l'agriculture, les routes, l'eau et l'assainissement. Et c'est la première étape. Et cette première étape est importante car elle indique la direction dans laquelle le leadership d'Haïti doit aller. Cependant, cela comporte de nombreux défis. Afin de prendre ce que la caravane représente au niveau actuel et d’atteindre chaque haïtien, il faut des partenaires pour soutenir l’état de droit, le renforcement des institutions et les droits de l'homme. Cela nous oblige à intégrer cette capacité dans les institutions qui doivent servir Haïti. Cela exige des investissements qui donneront des revenus générés à l'interne pour payer ces services, de sorte que nous ne parlions pas de choisir entre la libération des [personnes] en prison ou la santé ou l'éducation.

Pour Haïti, tout est à faire, mais pour tout faire cela nous prendra du temps. Les Nations Unies ne sont pas là pour une solution rapide. Nous sommes ici pour le long terme. C'est pourquoi nous savons qu’Haïti a adopté le programme 2030, les 17 objectifs du développement durable. Et c'est en s’appuyant sur eux que nous verrons non seulement la fin de la transmission du choléra, mais également un brillant avenir pour les jeunes haïtiens d’aujourd'hui. Et c'est là que réside notre espoir, c'est là que nous nous engageons, c'est le message que nous apportons de la part d'Antonio Gutierrez, le Secrétaire général des Nations Unies.

Je suis nigériane et je sais ce que c'est que d'être d’un pays en voie de développement, qui a de nombreux défis à relever. Nous avons une énorme population. Nous avons BoKo Haram. Nous avons du militantisme dans le delta du Niger. Mais nous avons toujours de l’espoir, nous avons des réalisations et nous essayons toujours de jeter des bases, chaque fois que nous avons l'occasion et c'est ce qui est important pour nous : avoir cet espoir. Et les Nations Unies n'en sont pas le seul gardien au monde.

Je voudrais terminer en disant qu'il y a une partie importante de ce voyage dont nous n'avons pas encore parlé et qui est l'exploitation et les abus sexuels. Le Secrétaire général sur ce front a exprimé sa tolérance zéro. Si cela se produit sous sa direction, cela sera pris au sérieux et nous ne tarirons pas d’efforts, nous retournerons chaque pierre, nous les retournerons toutes, pour que les victimes reçoivent la justice qui leur est due. Il est extrêmement important que nous ayons une tolérance zéro à l’intérieur des Nations Unies vis-à-vis de l'extérieur, de ce qui se passe sous notre surveillance. Nous devons être tenus responsables et rendre des comptes.

Et donc, au total, nous avons les Nations Unies ici en Haïti. Il est important que nous comprenions également que nous devons rétablir la confiance du peuple haïtien et nous sommes prêts à le faire dans cette nouvelle ère. Et ce que nous disons, c'est que nous croyons que c’est par la collaboration à court, à moyen et à long terme que nous devrions avoir des résultats et que nous devrions voir un avenir qui convienne, dépassant le Programme 2030.

Je vous remercie.

 

QUESTIONS ET REPONSES

Kiskeya : L'ONU a appelé à lever plus de 200 millions de dollars pour soutenir les victimes du choléra en Haïti. Les donateurs n'avaient pas répondu à cet appel. Où en sommes-nous avec ce problème? Les donateurs répondent-ils positivement maintenant?

Merci beaucoup c'est très important. Aujourd'hui, nous sommes dans un monde où, malheureusement, la levée de fonds publics est l'un des défis les plus difficiles à relever. Cependant, nous avons lancé un appel aux États membres et nombreux sont ceux qui ont promis une partie de ces fonds. Nous n'arrêtons pas pour attendre ces fonds publics. Nous cherchons également à voir comment nous pouvons mobiliser d'autres fonds provenant de financements innovants dans le secteur financier. Nous aurons besoin de beaucoup plus d'argent non seulement pour le choléra mais pour Haïti. Et je pense que le message que nous devons faire passer est que même si nous devons relever le très sérieux défi de terminer ce dernier kilomètre, nous aurons besoin de beaucoup plus d'investissements pour y arriver et nous devons faire deux choses. Nous devons montrer comment Haïti est prêt et a un environnement propice à l'obtention de ces ressources et montrer, lorsque les ressources publiques seront là, que nous savons clairement comment les dépenser avec les victimes et les communautés affectées par le choléra. Bien sûr, il s'est passé beaucoup de choses en préparation et ce que nous sommes en train de faire, c'est de les passer en revue et nous espérons qu'après cette visite, Josette Sheeran reviendra très bientôt et continuera d'essayer de récolter les fonds à notre disposition. N'oublions pas que des centaines de millions de dollars ont déjà été injectés pour atteindre 99% en termes d’[élimination de la] transmission. Il a fallu beaucoup de ressources et nous espérons que, pour le dernier kilomètre, nous aurons les ressources nécessaires.

Ce matin nous avons visité un hôpital à Mirebalais. Il nous a semblé très clair que nous devions aussi aller au-delà de l'eau et de l'assainissement pour réaliser les investissements nécessaires pour mettre fin à la transmission du choléra. Et dans ce cas nous avons regardé les services de laboratoire et ce qui est nécessaire pour s'assurer que ce n'est pas seulement centralisé mais que nous sommes décentralisés.

Kiskeya: les associations locales de la société civile demandent qu’il y ait des dédommagements financiers pour les victimes, les morts et les personnes qui souffrent encore des séquelles du choléra. Qu’avez-vous à dire à ce sujet ? 

Nous avons des consultations en cours à ce sujet. Ce qui me semble important, ce sont les communautés qui ont souffert des conséquences de la tragédie du choléra, nous devons trouver un moyen holistique d'investir dans tous les domaines. Que demain ils aient une meilleure vie que celle qu’ils ont aujourd'hui. Nous avons entendu de nombreuses victimes, pas seulement [sur] l'effet du choléra sur leur santé, mais aussi concernant la stigmatisation qui l'accompagne. La perte de moyens de subsistance, la perte d'une éducation, et je pense que ce sont des choses auxquelles nous devons penser de façon holistique et remettre [sur pied] ces communautés qui souffraient du choléra.

Ce que nous avons entendu aujourd'hui de la part de la communauté, de la part des dirigeants, concernait ce dont ils ont besoin en termes d'infrastructure. Ils ont compris que nous voulions traiter et prévenir le choléra mais au-delà, ils ont demandé des investissements spécifiques dans l'eau, l'assainissement, les routes. Ce sont des investissements importants et nous aimerions approfondir nos consultations avec les collectivités pour bien comprendre l'ensemble des mesures que nous devrions prendre pour investir dans ces collectivités touchées.

Vision 2000: sur les 200 millions de dollars vous avez dit que quelques pays ont déjà répondu favorablement, combien ont été collectés.

Permettez-moi de dire que plus de [30] pays ont indiqué qu'ils contribueront. Je pense que le montant que nous avons recueilli jusqu'ici est très inférieur à ce qui est nécessaire. C'est un appel à la communauté internationale que nous devons faire mieux. Alors que nous [aurions pu avoir] un engagement de plus de 40 millions, je dirais que nous sommes encore très loin de là où nous devons être. Et nous devons faire beaucoup plus, beaucoup plus rapidement.

Vision 2000 : Vous avez dit que la caravane est un pas vers la bonne direction. M. Moreno le directeur de la BID avait fait la même déclaration mais l’opposition politique avait critiqué cette déclaration. Est-ce que vous avez visité les chantiers de la caravane pour faire une telle déclaration ?

Oui je l'ai visitée. J'étais là hier avec le président Jovenel [Moise]. Nous avons visité les Cayes. Nous avons vu que des infrastructures ont été construites. Nous avons vu ce qu'il faisait en terme de programme de reboisement. Nous l’avons entendu sur quelques-uns des défis que nous avons à renforcer les institutions. Il nous a aussi impressionné en montrant que nous devons faire plus pour renforcer la main du gouvernement afin de mettre ces choses à l'échelle requise. Il a demandé beaucoup plus d'aide pour la justice et l’état de droit. Alors oui, nous avons vu ce qui était sur le terrain, c'est pourquoi j'ai vu que ça allait dans la bonne direction. Nous n’en sommes pas encore là. Le président est ici depuis neuf mois et je pense que ce que nous devons faire, c'est mieux communiquer sur ce que c'est et le faire figurer dans un plan structurel où l'on peut voir l'ampleur de ce qui est nécessaire. Je pense que ce qui était impressionnant, c'est que [le Président] a utilisé les ressources existantes dans le gouvernement. Il a expliqué qu'il avait vu beaucoup de machinerie lourde qui était abandonnée et qu'il avait été capable de les ressusciter pour commencer le travail. Lorsque de leaders arrivent, il est difficile de voir la communauté internationale correspondre à la vitesse des attentes des gens du pays et apporter des ressources. Très souvent, le leadership doit commencer quelque chose et peut-être que ce message apportera plus de soutien. Dans le cas présent, ce que cette initiative a fait: vous avez le soutien de la BID et j'espère que vous obtiendrez le soutien des autres.

Ce que nous dirons à la communauté internationale, c'est d'abord que nous devons trouver les ressources pour mettre fin à la transmission du choléra. C'est la chose la plus importante que nous avons sur le terrain en ce moment. Deuxièmement, nous avons besoin de beaucoup plus pour aborder ces communautés afin que nous puissions investir afin que nous puissions nous assurer qu'ils aient la chance d’avoir une vie meilleure. Et troisième investissement que nous avons vu: investir dans l'agriculture, l'infrastructure de l'eau et de l'assainissement et dans la santé et l'éducation. Ce sont des éléments importants de l'échelle à laquelle nous aimerions que l'argent arrive et au niveau qu'il doit atteindre.

 

Intervention de la chef de la communication et porte-parole de la MINUJUSTH, Sophie Boutaud de la Combe

Merci beaucoup. Ceci conclut la conférence de presse. Merci beaucoup pour votre temps Madame la Vice Secrétaire générale. Et merci à tous d'être venus.

 

END