Journée internationale des femmes : la MINUJUSTH invite les membres du personnel des Nations Unies au débat
Chaque 8 mars depuis 41 ans, les Nations unies rendent hommage à la lutte pour les droits des femmes et pour la réduction des inégalités avec les hommes. Une journée cette année placée sous le signe du militantisme : « Les activistes rurales et urbaines transforment la vie des femmes ». C’est autour de ce thème, choisi par ONU Femme au niveau mondial, que les membres du personnel de la MINUJUSTH ont souhaité échanger. L’occasion d’évoquer la situation des femmes en Haïti mais aussi de revenir sur les fondements philosophiques, juridiques et politiques de ces droits humains.
#JournéedesFemmes
Le 8 mars 2018, le Secrétaire général des Nations unies António Guterres partageait son message sur la Journée internationale des femmes et rappelait son engagement personnel pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles. Afin de donner la parole à celles qui ne l’ont que trop peu le reste de l’année, la Journée des femmes 2018 s’inscrit dans le sillage d’un mouvement mondial en faveur des droits des femmes, de l’égalité et de la justice.
Baptisée #TimeisNow (« l’heure est venue »), la campagne est cette année marquée par les initiatives #MeToo et #TimesUp nées aux États-Unis et les actions semblables menées dans d’autres pays, portant sur des questions allant du harcèlement sexuel et du féminicide à la parité salariale et à la représentation des femmes en politique.
Pour la MINUJUSTH, l’heure était aussi au rappel des principes fondamentaux avec Maimouna Doussa Tankoano et Gerda Benjamin. L’occasion de clarifier que les « droits de l’Homme », ce sont bien ceux des hommes et des femmes ensembles. Spécialiste des droits humains et grande activiste féministe, Mme Doussa Tankoano a également rappelé que les droits humains ne sont pas un acquis : ils représentent toujours un combat qu’il nous reste à mener…
Les femmes en Haïti : une situation empreinte de contradictions
Issue de la section Genre de la MINUJUSTH, Mona Jean a évoqué de son côté les obstacles qui subsistent en Haïti au respect des droits des femmes, à l'égalité et à l'équité de genre. « Si l’égalité est garantie a priori par la loi haïtienne, le miroir sociologique offre un regard tout à fait différent, souligne cette ancienne avocate et professeure de législation sociale à la Faculté des Sciences humaines de Port-au-Prince. En Haïti, toutes les statistiques concernant les conditions de vie sont au désavantage des femmes. C’est parmi elles que l’on retrouve le plus grand nombre de pauvres, de victimes de violences et de discriminations, de sous-payés, d’analphabètes et de porteuses du VIH/SIDA. »
Pourtant, comme l’ajoute Bethie Casty, également de la section Genre, « les Haïtiennes jouent un rôle majeur dans le développement du pays, tant sur le plan économique global que sur le plan familial. À 50.5 % actives, les femmes évoluent dans le secteur du commerce (43.9 %) et dans l’agriculture (37.4 %) selon un rapport du Ministère de la Condition féminine ». Malgré cela elles restent les plus pauvres parmi les pauvres.
En matière d’accès à la justice, les discriminations sont fortes puisqu’alors que déjà plus de 70% des hommes en détentions attendent d’être jugés. Pour les femmes en détention, ce chiffre s’élève à plus de 80 % – et même à 90 % pour les filles en conflit avec la loi. Et la situation ne laisse pas les autorités indifférentes comme le montre l’initiative du Doyen du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince et le Commissaire du gouvernement d’organiser des comparutions exclusivement de femmes à partir de ce 8 mars et pour quelques semaines. Un projet souligné par Frantz Gilot de la section des Juridictions modèles de la MINUJUSTH, qui revenait justement du lancement de cette initiative.
Les droits des femmes et la perspective de Genre s’intègrent en transversal de toutes les composantes de la Mission des Nations unies pour l’appui à la Justice en Haïti. Car de l’autonomisation des femmes dépend la préservation de la stabilisation et le développement du pays.