Promotion du genre : une priorité pour la composante Police de la MINUJUSTH
Il est important que les femmes participent sur un pied d’égalité à tous les efforts qui visent à maintenir et à promouvoir la paix et la sécurité. Cette importance est reconnue depuis 2000 par la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies qui reconnaît que les femmes sont les premières victimes des conflits armés et devraient jouer un rôle à la mesure de ce fardeau dans leur prévention et leur résolution. Afin de montrer l’exemple, le Conseil de sécurité a demandé dans la résolution 2242 (2015) de doubler le nombre de femmes dans les effectifs de police de l’Organisation des Nations Unies d’ici à 2020.
C'est un effort collectif à toute l’Organisation, comme l’a rappelé le Secrétaire général, António Guterres en affirmant qu’ une ONU plus efficace « passe par une plus grande parité femmes-hommes » et ce à tous les niveaux de l’organisation, pour toutes ses composantes, civiles ou en uniforme.
C’est dans cette optique que le commandant de la composante Police de la Mission des Nations Unies pour l'appui à la Justice en Haïti (MINUJUSTH), le Commissaire Serge Therriault, a fait de la promotion du genre l’un de ses objectifs prioritaires. Dès sa prise de fonction, il a procédé à la nomination de femmes au plus haut poste de responsabilité de la composante dans les départements.
Depuis l’avènement de la MINUJUSTH au mois d’octobre 2018, seule la Commissaire principale de police Afodor Ablavi Koudadje, de nationalité togolaise, avait été nommée Chef de département du Centre, à Hinche. En tant que responsable de tous les policiers internationaux du département, la Chef de département est aussi la conseillère et homologue du Directeur départemental de la Police nationale d’Haîti (PNH) en région. Avec la nouvelle politique de promotion de genre mise en place par le commandant de la composante, cette responsabilité a été confiée également à trois autres femmes. La Commissaire principale de police Banebeda Kpatcha T. épouse Samah Bawa, de nationalité togolaise, a été nommée Chef de département du Nord au Cap Haïtien (la deuxième plus grande ville du pays). La Commissaire de police Nzelle Alobwede Mado épouse Mesape, de nationalité camerounaise, a été déployée en qualité de chef de département du Sud aux Cayes. Quant à la Capitaine de police Yousra Ben Belgacem, de nationalité tunisienne, elle a été affectée dans le département de Grand’Anse, à Jérémie, comme Chef de département.
Ces femmes policières jouissent d’une grande estime auprès de leurs collègues. Comme eux, elles apportent leurs expériences et leurs conseils stratégiques à leurs homologues de la PNH à travers le Programme accompagnement et conseils (PAC). Elles mettent l’accent sur la police de proximité afin de rapprocher la PNH de la population et elles conseillent leurs homologues sur le respect des droits de l’homme et les soutiens nécessaires aux femmes victimes de violences. Au niveau des sites de colocation, elles ont également mis en place un système managérial qui favorise une meilleure gestion du personnel.
Par ailleurs, la présence de ces femmes aux différents postes de commandement constitue une source de motivation pour les femmes haïtiennes de ces départements qui voient en elles un modèle d’autonomisation et de prise de responsabilité en général mais aussi spécifiquement dans le domaine de la sécurité publique, un secteur que les normes sociales sexistes voudraient cantonner aux hommes.
Même si la parité hommes-femmes est loin d’être atteinte dans l’ensemble des polices du monde, de par l’effet positif multiplicateur de leur implication sur le terrain, on ne peut que souhaiter l’augmentation du nombre de femmes policières envoyées par les pays contributeurs à la MINUJUSTH.